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Francia...Le Pen all'orizzonte....
4.10.2003

Francia, Libération: Le Pen all'orizzonte.Il clima politico francese favorisce un nuovo exploit elettorale della destra estrema. Dalle urne delle elezioni europee e delle regionali che si terranno nella primavera del 2004 potrebbe uscire un risultato positivo per il Fronte Nazionale.

La caduta di popolarità di Raffarin, la crisi di una sinistra riformista introvabile, le difficoltà economiche e il crescente antieuropeismo dei francesi sono altrettanti fattori che preparano il successo degli uomini di Le Pen.

Le FN pointe à l'horizon Par Renaud DELY

Où est passé Le Pen ? Le phénomène est devenu habituel, à force d'être répétitif. Au soir de chaque scrutin, les performances du FN étonnent, la société française s'émeut, les partis politiques se mobilisent. Et tout le monde promet que «l'avertissement» ne sera pas oublié de sitôt. Puis la vigilance s'assoupit aussi vite qu'elle était apparue, chacun se rassurant à bon compte sur le devenir de l'extrême droite. Jusqu'à la fois suivante... A l'approche des élections régionales et européennes du printemps, la même mécanique infernale s'est mise en marche. Les premières ont toujours été favorables au FN (15 % des voix en 1998) et le mode de scrutin proportionnel à deux tours risque cette fois-ci, au mieux, de renforcer sa position d'arbitre dans nombre de régions, au pire de le placer en position de gagner en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Quant au scrutin européen, il devrait donner lieu, comme à chaque fois, à une nouvelle poussée de sève souverainiste encouragée par les accès de démagogie anti-«bureaux bruxellois» du gouvernement Raffarin d'une part, et les lâchetés eurosceptiques d'un PS tenté de ferrailler contre la Constitution Giscard de l'autre. Débarrassé des concurrences pasquaïenne ou villiériste, le FN sera le mieux placé pour profiter de ce climat. Bref, le printemps 2004 marquera le retour de l'extrême droite.

Pourtant, depuis le 21 avril 2002, elle semblait bien avoir disparu du paysage politique. Le Pen a d'abord été débordé par l'activisme policier de Nicolas Sarkozy. Puis ses envolées pro-Saddam ont été étouffées par l'inflexible posture antiaméricaine de Jacques Chirac. Enfin, mal à l'aise, comme à chaque fois que la question sociale ressurgit sur le devant de la scène, Le Pen a retenu ses diatribes antifonctionnaires tout au long du conflit des retraites, histoire d'éviter que ses penchants libéraux en faveur de l'allongement de la durée du travail et de l'instauration de fonds de pension ne fassent fuir sa clientèle populaire.

Au bout de quatorze mois de silence, tout est pourtant en place pour promettre au FN de nouveaux lendemains électoraux radieux : une droite de gouvernement qui s'effondre trop vite pour faire le bonheur d'une introuvable gauche réformiste, un contexte économique morose, d'irréductibles tensions sociales, un chômage en forte hausse, des angoisses croissantes provoquées par la mondialisation, et ces lancinants effluves antieuropéens qui font des ravages à droite comme à gauche. La déprime ambiante sert Le Pen. Le succès d'une indémodable passe d'armes initiée par l'essai de Nicolas Baverez, La France qui tombe (éditions Perrin), celle qui porte sur le supposé «déclin» de la France, apparaît comme une illustration supplémentaire de la «lepénisation» de l'époque tant le leader frontiste demeure l'inégalable prophète de la «décadence» hexagonale.

Si le FN s'est complu jusqu'ici dans la discrétion, ce n'est pas seulement parce que ce parti ne s'active qu'en période de bataille électorale, c'est aussi parce que Le Pen pense qu'il n'a nul besoin d'en rajouter tant le contexte joue pour lui. Cette tactique a déjà porté ses fruits au premier tour de la présidentielle : de l'automne 2001 au printemps 2002, les incertitudes nées des attentats du 11 septembre, les répercussions en France du conflit en Israël, et la démagogie sécuritaire de la droite chiraquienne en campagne avaient nourri la besace du leader du FN sans que celui-ci surenchérisse. Autres temps, mêmes conséquences ?

Le FN se frotte en tout cas les mains à l'idée de tirer profit du débat engagé sur le port du voile à l'école. Jacques Chirac installe une commission, Raffarin menace de légiférer, la gauche rédige des propositions de loi, droite et gauche s'inquiètent, débattent, argumentent. Et tout le monde attise la polémique sans que le gouvernement donne l'impression de savoir où il va. Le Pen mise sur ces mêmes inquiétudes, réelles ou fantasmées, attisées par les hésitations d'un pouvoir évanescent pour empocher des dividendes électoraux de la catastrophe sanitaire de cet été. Un terreau que le leader du FN espère d'autant plus fertile que c'est justement grâce une forte progression parmi les électeurs âgés de plus de 65 ans qu'il a réussi sa percée le 21 avril 2002 : Le Pen avait alors recueilli 15 % des voix dans cette catégorie contre seulement 9 % sept ans plus tôt (1).

Qu'ils concernent l'emploi, le patrimoine industriel de la France ou son indépendance budgétaire, les conflits répétés qui opposent Paris et la Commission de Bruxelles, ponctués par les accès de démagogie cocardière de Raffarin, achèvent donc de «lepéniser» l'air du temps. Pour le dissiper, la droite mise, comme toujours, sur un seul atout : le fameux «effet Sarko». L'efficacité du locataire de la place Beauvau est censée vider les urnes de Le Pen. Pas sûr. D'abord parce que les coups de menton de la droite n'ont pas toujours nui à l'extrême droite : les «charters» de Pasqua en 1986 n'ont pas empêché Le Pen d'atteindre 14,5 % des voix à la présidentielle deux ans plus tard. Ensuite parce qu'il y aurait un risque pour le gouvernement, à bout de souffle sur la scène économique et sociale, à en revenir aux sources sécuritaires de son mandat. Jean-Pierre Raffarin s'y est laissé aller le 21 septembre sur M6 en dissertant pendant plus de deux heures sur les malheurs de l'Hexagone en proie à toutes les insécurités (sanitaire, routière, délinquante...). Or, deux ans après être arrivé au pouvoir, persister à faire de la France un pays menacé de toutes parts confine à admettre sa propre impuissance. Et à endosser le costume d'«idiot utile» du lepénisme.


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