Francia, Le Figaro: La battaglia dell'elettricità
Baghdad. La capitale irachena da 5 giorni senza corrente. La popolazione accusa gli americani.

Da 5 giorni senza elettricità, la capitale irachena è bloccata. Tra la popolazione si è diffusa la voce che il gigantesco black out sia stato provocato dagli americani per punire gli abitanti della città dei ripetuti attacchi armati contro i militari USA.
Ma, il settore strategico dell'energia è in realtà l'oggetto di una dura battaglia tra le forze di occupazione e i gruppi armati: mercoledì scorso, la direttrice della centrale elettrica Al Kark di Baghdad è stata assassinata nella propria abitazione da un commando.
Il reportage dell'inviato del Figaro.


Bagdad est au bord de la crise de nerfs depuis qu'elle est privée l'électricité. Dans une ville où la chaleur est torride, les ventilateurs et les réfrigérateurs ont cessé d'être alimentés voici cinq jours. C'est la fournaise dans les appartements et les administrations, les écoles et les boutiques. La nuit, les habitants en nage ne dorment plus ou alors mal sur les toits à la belle étoile. «C'est dangereux pour les enfants, on peut se prendre une balle perdue et puis on est dérangé par le survol à basse altitude des hélicoptères», commente de mauvaise humeur Karim, un père de famille.


Et ce n'est sans doute qu'un début. A en croire les spécialistes, l'été s'annonce brûlant pour les Bagdadiens ne possédant pas de générateur, autrement dit l'immense majorité des cinq millions de résidants. La capacité en mégawatts couvre à peine un quart des besoins de consommation. Or, dans la meilleure des hypothèses, le courant pourrait revenir «prochainement» quelques heures par jour. Quant à la température, elle va bientôt passer le cap des 50 degrés avec un taux d'humidité en hausse dans les prochaines semaines.


Prompts à s'aventurer sur le terrain glissant des racontars, les Bagdadiens soupçonnent les Américains d'avoir de manière délibérée coupé le courant pour punir les Irakiens des attentats commis contre leurs soldats. Tout est parti du récit d'habitants affirmant avoir vu écrit en anglais sur des chars en patrouille : «Donnez-nous la sécurité, nous vous donnerons l'électricité.» Beaucoup ont cru à la rumeur.


En revanche, les explications de l'administration provisoire américaine – venues il est vrai sur le tard – ont eu du mal à passer. «La panne est due à un sabotage perpétré par des éléments de l'ex-parti Baas», a finalement affirmé mercredi Paul Bremer. «Pourquoi c'est lui qui dénonce un sabotage et pas un responsable irakien ?», demande un commerçant incrédule.


Les commentaires de source irakienne ne manquent pourtant pas, mais la rue fait la sourde oreille. Conscient qu'une bataille de l'électricité a bien lieu, le directeur de la distribution électrique à Bagdad, Nafae Abdessada Ali, a réclamé une protection renforcée des fonctionnaires de son office par les forces de la coalition. «Nos employés sont sous le coup de menaces», a-t-il déclaré. Mercredi, la directrice de la centrale électrique d'Al Khark à Bagdad a été assassinée par balles à son domicile. Ce meurtre suit celui d'un autre chef du réseau électrique, exécuté il y a quelques semaines. Les attaques touchent d'autres fronts énergétiques comme le pétrole et le gaz avec le sabotage récent de trois oléoducs et d'un gazoduc.


La série noire s'est poursuivie hier matin dans la banlieue de Bagdad. Un commando a visé à la grenade un convoi composé d'engins blindés de l'armée américaine et de voitures de la société d'électricité. L'engin a atteint des électriciens, tuant le chauffeur et blessant son passager.


L'électricité est un secteur porteur pour des saboteurs soucieux d'entretenir un climat de confusion. Exaspérée par une après-guerre pénible à défaut d'être catastrophique, une partie de la population de la capitale est convaincue que le chaos est entretenu par les Américains pour maintenir leur présence. «Nous devons tous être patients. C'est un pays dévasté par trente ans de politique erratique. Il faudra du temps pour remettre tout ça sur pieds», a constaté Paul Bremer. Interrogé par la chaîne ABC, le diplomate américain a aussi indiqué qu'il n'a personnellement pas d'eau mais qu'il bénéficiait depuis peu d'air conditionné dans sa caravane. «Je dors sur un lit de camp», a-t-il précisé.

Thierry Oberlé